Geraldine Lay :
"Partir au Japon relevait d’un besoin de libérer mon regard, ne pas rejouer ce qui avait déjà été exprimé en Europe dans les séries précédentes Failles Ordinaires et North End. Lors de mon premier séjour au Japon en 2016, j’ai fait peu de photographies. Je n’ai compris qu’à mon retour, à la lecture des planches contacts, ce qu’il pouvait y avoir de nouveau à mes yeux dans ces photographies. Sans chercher à donner du sens aux photographies que j’avais prises instinctivement en marchant, comme j’aime le faire, je décidai de repartir au Japon. S’en suivit trois séjours de trois semaines en trois ans. Quatre séjours au total. Une chose de sûre : c’est de loin insuffisant pour sortir de ma peau de Gaijin : une « estrangère »."
Alain Sauvan :
« Avons-nous traversé un âge désormais révolu ? En un demi-siècle à peine, depuis la fin des Trente glorieuses, les territoires se sont transformés pour passer de l’industrialisation d’une société en pleine croissance à l’abandon progressif de modes de vie régis par l’idéal du progrès. Grâce à Alain Sauvan, l’Étang de Berre ne sera pas orphelin de son histoire. Les choses deviennent belles en elles-mêmes lorsqu’elles en ont fini d’être utiles. Il en va ainsi des ruines. Cette métamorphose n’est pas réservée aux temples grecs et aux châteaux du moyen-âge. Les édifices industriels connaissent un pareil destin. À une exception près : on les fait totalement disparaître. C’est là que le photographe intervient pour nous livrer le témoignage d’une beauté monumentale et fugitive. De cette gigantomachie naît tout un lexique formel de l’art contemporain. Ce que Sauvan montre de la destruction n’est autre que l’atelier géant d’un artiste d’aujourd’hui. »
- Michel Poivert, Professeur d’histoire de l’art Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne